Appel urgent pour arrêter la fourniture par le Brésil de gaz lacrymogène à Bahreïn

Le Brésil a été un des principaux fournisseurs de grenades lacrymogènes à Bahreïn depuis 2011, où elles ont été utilisées pour réprimer les protestations pacifiques dans le pays. La compagnie brésilienne Condor Technologies, basée à Rio de Janeiro a vendu plus de deux dizaines d’armes non-léthales, y compris des grenades lacrymogènes. Suite à l’usage fait par le gouvernement des gaz lacrymogènes plus de 40 personnes sont mortes depuis les 7 dernières années.
Les gaz lacrymogènes, arme fatale.

Les gaz lacrymogènes peuvent être une méthode ce contrôle des foules seulement quand ils sont utilisés par les forces de l’ordre à un niveau acceptable. Mais leur usage excessif provoque des dommages graves pour la santé des civils en exposant leurs poumons, leur peau et leurs yeux aux agents chimiques. En particulier l’exposition fréquente aux gaz lacrymogènes dans des espaces clos peut poser de sérieux problèmes respiratoires et même la mort.

L’arsenal lacrymogène à Bahreïn
Entre 2011 et 2012 près de 40 personnes sont mortes du fait de leur exposition au gaz lacrymogènes. D’après le Centre Bahreïni des Droits de l’Homme, 31% des morts du fait de la répression pendant cette période l’ont été suite à l’utilisation extensive des gaz lacrymogènes par le gouvernement. D’après l’organisation Physicians for Human Rights, la quantité de gaz lacrymogènes utilisée à Bahreïn contre les civils pendant 18 mois en 2011-2012 était sans précèdent en un siècle d’histoire d’utilisation des lacrymogènes dans le monde.

En décembre 2012 Basel Mansour Al-Qattan, âgé de 44 ans, souffrant de cardiomyopathie et d’asthme est mort après avoir été exposés aux gaz lacrymogènes autour de sa maison. De même, l’exposition à des quantité massives de gaz a causé la perte de conscience de Habib Ibrahim, 87 ans en septembre 2012 puis de sa mort en janvier 2013. Le même mois Quassim Habid, âgé de 8 ans, de Karbabad, a perdu la vie, après l’attaque de son village par les forces gouvernementales avec utilisation massive de lacrymogènes . Par ailleurs, en février 2014, le militant Abdelaziz al-Abbas a été touché au visage par une grenade lacrymogène lors d’un enterrement, ce qui a causé sa mort deux mois plus tard. Le 17 Janvier 2015, Abdelaziz al-Saïd est mort chez lui à Bilad al-Qadeem, suite à une inhalation massive de gaz lacrymogène.

Plus de 60 cartouches de grenades lacrymogènes Condor (bandes bleues) à Abou Saïba le 17 décembre 2014 (source: @AbusaibaMedia

Des gaz lacrymogènes “made in Brazil”
En décembre 2011 la magazine brésilien Época a publié quelques photos de grenades lacrymogènes utilisées à Bahreïn. On y voyait le logo de leur fabricant Condor Non-Lethal Technologies, une société basée à Rio de Janeiro. Une vidéo a également confirmé que ce modèle de grenades (GL-202 and GL-203/L), présentait un risque potentiel d’usage non approprié clairement décrit dans la publicité de la société.

(Source: Época)
(Source: Época)

Le gouvernement brésilien à d’abord promis de faire une enquête sur le mode d’utilisation à Bahreïn des lacrymogènes fabriqués dans son pays, mais plus tard, en 2012 il a nié l’exportation de gaz lacrymogène à Bahreïn. Cependant en 2015 l’accusation s’est répétée car des cartouches de grenades fabriquées par Condor ont été trouvées à Bilad al-Qadeem. Fin 2015 le gouvernement brésilien a rejeté la demande des organisations des droits humains de Bahreïn de prendre connaissance d’une enquête indépendante de l’OCDE sur cette question.
Les militants bahreïnis et la communauté internationale ont constamment tenté de faire cesser les fournitures de gaz lacrymogènes à Bahreïn ou elles sont utilisées par le régime répressif comme armes fatales. Sous la pression de la société civile, en 2014, le gouvernement Sud-Coréen a suspendu indéfiniment les cargaisons de gaz lacrymogènes à destination de Bahreïn. Début 2015 le Parlement Européen a voté une résolution demandant de mettre fin à la fourniture de gaz lacrymogène d’origine européenne à Bahreïn. Au même moment on trouvait de plus en plus de cartouche de lacrymogènes brésiliennes à Bahreïn.

Recommendations
Au gouvernement de Bahreïn :
• Cesser immédiatement toutes formes de répression contre les manifestants et civils, y compris les attaques de villages et maisons avec des lacrymogènes.
• Enquêter sur les effets dommageables de l’utilisation non appropriée des gaz lacrymogènes et cesser toute utilisation de ceux-ci dans un but de représailles politiques contre des militants ou des manifestants.
• Fournir les informations sur les différents agents chimiques toxiques utilisés par le gouvernement.
• Permettre aux scientifiques et professionnels de santé de faire des recherches objectives sur l’utilisation et les effets des gaz lacrymogènes dans le pays.
Au gouvernement du Brésil:
• Arrêter immédiatement les cargaisons de gaz lacrymogènes à destination de Bahreïn, tant que le gouvernement de Bahreïn n’aura pas répondu aux standards internationaux concernant leur usage.
• Conduire une enquête approfondie sur les exportations de gaz lacrymogènes brésilien vers Bahreïn et leur utilisation contre des civils bahreïnis.
A la communauté internationale :
• Suspendre les exportations de gaz lacrymogènes et composés chimiques correspondants vers Bahreïn tant que le gouvernement n’a pas mené une enquête impartiale sur les utilisations non appropriées des gaz lacrymogènes et n’a pas fait cesser les violences contre les civils.
• Soutenir les scientifiques et professionnels de santé de Bahreïn pour qu’ils puissant mener des recherches indépendantes sur l’utilisation conforme de tous les agents chimiques toxiques dans le pays.