Les violations des droits de l'homme à l'encontre des jeunes à Bahreïn

La situation générale
Le Bahreïn est l’un des pays du Golfe qui a témoigné l’implication la plus importante de la jeunesse dans les différents mouvements et activités dans le but de changer la situation politique du pays d’un état autoritaire à un état plus démocratique.
La situation générale des droits de l’homme à Bahreïn a toujours été très controversée, mais elle s’est sérieusement détériorée depuis 2011 lorsque les manifestations publiques et massives ont commencé. Bien que la constitution du Bahreïn stipule la protection des fondamentaux droits de l’homme, le gouvernement a entrepris une série de mesures répressives et restrictives qui constituent de dangereuses violations pour ces droits.
Le gouvernement a restreint les droits à la liberté d’expression et de réunion et a mis en œuvre de nouvelles réglementations restrictives. En outre, le nombre d’arrestations arbitraires dans le pays a nettement augmenté, ciblant des défenseurs des droits de l’homme, des militants, des personnalités religieuses et politiques et des membres de la société civile. Les autorités bahreïnies ont également violé les libertés religieuses et ont de plus en plus discriminé la majorité chiite du pays. La répression des manifestations a entraîné la mort de plusieurs citoyens. De plus, la torture et les mauvais traitements sont couramment utilisés dans les prisons.
Par conséquent, les jeunes ont été la cible principale de la répression violente du gouvernement, étant donné qu’ils ont largement participé aux manifestations pacifiques et aux activités qui demandent plus de démocratie dans le pays.
Quelles sont les difficultés rencontrées par la jeunesse à Bahreïn ?
À Bahreïn, la jeunesse ne peut s’impliquer pleinement dans le processus politique du pays et la défense de ses droits si elle est constamment confrontée à des harcèlements, difficultés et obstacles de la part du gouvernement.
L’une des principales préoccupations de la jeunesse est la liberté d’expression. En effet, le gouvernement continue de restreindre sévèrement la liberté d’expression, d’arrêter et de poursuivre tous ceux qui utilisent les rassemblements publics ou les médias sociaux comme Facebook ou Twitter pour critiquer le gouvernement et la situation s’est considérablement détériorée au cours de ces 5 dernières années. On peut citer le cas de la jeune activiste Zainab al-Khawaja qui a été condamné à 3 ans de prison pour diverses accusations. Son emprisonnement fut largement condamné. Le gouvernement l’a libérée en mai 2016,ensuite elle a quitté le pays.
En ce qui concerne la liberté de réunion, le gouvernement a maintenu l’interdiction de tous les rassemblements publics dans les différentes villes et villages de la capitale. Les forces de sécurité utilisent une force excessive et violente pour disperser des protestations, tirent des balles de fusil et des gaz lacrymogènes, et arrêtent les manifestants qui sont pour la plupart des jeunes et même parfois des enfants.
De plus, les jeunes sont désireux de prendre part au processus politique, mais ils ne sont pas aidés ou soutenus par le gouvernement qui empêche tout dialogue national ou solution démocratique pour sortir de l’impasse. Les personnalités politiques les plus importantes de l’opposition sont arrêtées et emprisonnées. Ali Salman, par exemple, le secrétaire général d’Al-Wefaq, le groupe politique le plus important du Bahreïn, a été emprisonné, accusé d’incitation à la haine et d’insultes envers les institutions publiques. En juillet 2016, le tribunal de Bahreïn a ordonné la dissolution d’Al-Wefaq.
Parallèlement, les jeunes qui travaillent dans le domaine des droits de l’homme dans les ONG et ceux qui travaillent dans la presse et les médias sont confrontés à des difficultés similaires en ce qui concerne l’interdiction de voyager, la détention illégale et le harcèlement constant, même si le gouvernement a accepté les recommandations de l’EPU en 2012 concernant l’abandon des restrictions imposées aux défenseurs des droits de l’homme et aux journalistes. Ces recommandations n’ont pas été respectées et les activités des défenseurs des droits de l’homme n’ont jamais été aussi difficiles qu’aujourd’hui.
De plus, les jeunes rencontrent des discriminations concernant leur appartenance religieuse quand il s’agit d’opportunités d’emploi. En effet, certains d’entre elles ne sont pas équitablement accessibles à tous, en particulier dans le secteur public et les institutions officielles et nationales où la discrimination en matière d’emploi est institutionnalisée alors que dans le secteur privé, les compétences et les qualifications professionnelles sont plus importantes que l’identité religieuse.
En ce qui concerne les libertés religieuses, il y a eu également de graves violations des droits de la majorité chiite du pays où la religion est un élément important de l’identité des jeunes. Par exemple, le gouvernement a interdit l’organisation des prières du vendredi dans les mosquées pendant des mois.
Enfin et plus récemment, en janvier 2017, le gouvernement a exécuté trois citoyens condamnés à mort. Deux d’entre eux étaient très jeunes. Il a été largement rapporté que le gouvernement les a torturés pour extraire de fausses confessions et les preuves de mauvais traitements ont été ignorées pendant les procès. Il y a d’autres détenus, dont Mohammed Ramadan et Hussain Ali Moosa, qui risquent de subir la même peine dans les semaines ou les mois à venir.
En résumé, le gouvernement a échoué à ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme et au respect des recommandations de la dernière EPU de 2012. Au contraire, il a augmenté son usage des régulations restrictives et de la violence pour faire taire les activistes des droits de l’homme, les opposants politiques, les religieux et la société civil dans le pays.
Recommandations
Nous considérons que parmi les nombreux éléments, les suivants sont extrêmement importants et doivent être discutés lors de la troisième EPU en mai 2017 :
• Le gouvernement bahreïni devrait sérieusement respecter ses engagements internationaux en matière du respect des droits de l’homme et appliquer les recommandations de la deuxième EPU de 2012.
• En annulant les peines de mort, le gouvernement bahreïni devrait respecter l’article 10 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui assure le droit à un jugement équitable par des tribunaux impartiaux et également l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui interdit la privation de la vie de manière arbitraire.
• Le gouvernement de Bahreïn devrait annuler la dissolution d’Al-Wefaq et garantir à tous les groupes opposants le droit à mener des activités politiques pacifiques sans aucune pression, restriction ou menace.
• Nous appelons à la libération de tous les prisonniers d’opinion, activistes, défenseurs des droits de l’homme, journalistes, opposants politiques, leaders religieux et ceux détenus simplement parce qu’ils exerçaient leurs libertés fondamentales telles que la liberté d’expression et de réunion.
• Le gouvernement de Bahreïn devrait respecter les libertés religieuses de la majorité chiite en leur donnant le droit d’organiser leurs rites religieux dont les prières de vendredi et d’arrêter les restrictions et pressions sur leurs leaders religieux.
• Les rapporteurs spéciaux de l’ONU doivent être invités pour visiter Bahreïn pour investiguer sur la détérioration des droits de l’homme.
• Le gouvernement bahreïni devrait amender son code pénal qui a été largement utilisé pour poursuivre des individus qui exerçaient la liberté d’expression, de réunion et d’association pacifique. Il devrait aussi ajuster ses lois aux engagements internationaux tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
• Enfin, un dialogue nationale devrait être établi avec tous les groupes pertinents pour éviter les conflits inutiles et la violence.